Ou comment vous aidez à lutter contre le réchauffement climatique en réduisant vos déchets.

Ou comment vous aidez à lutter contre le réchauffement climatique en réduisant vos déchets.

Juliette Francequin14/05/2020

Le déclencheur

Chacun a un jour un déclic qui lui donne envie de réduire la taille de ses poubelles, de “passer au zéro déchet”.

Pour certains, c’est d’abord un loisir, la tendance du DIY (“Do It Yourself”) qui commence à devenir plus qu’un passe-temps, pour d’autres c’est un engagement écologique de longue date, pour d’autres encore une économie qu’ils escomptent faire sur leurs achats, ou juste un ras-le-bol en sortant ses poubelles trop grosses un jour. 

Pour nous… le déclic pour passer au zéro déchet fut de voir les décharges à ciel ouvert un peu partout sur la planète lors de notre tour du monde l’an dernier. Et de savoir que ces déchets étaient produits certes par les personnes qui habitaient là, mais aussi par notre empreinte en tant que touristes “irrespectueux” et par les containers entiers que nous, pays occidentaux “développés” étions capables de leurs envoyer.

Les déchets en chiffres…

Alors notre tour du monde achevé, nous avons eu envie de lancer “Rue Juliette” avec la ferme intention de convertir le maximum de gens au zéro déchet. Tout du moins à réduire la taille de ses poubelles.

Notre première étape a été de nous renseigner. Et au delà d’avoir “vu de nos yeux vu”, quelques informations qui nous ont fait bondir : 

  • 4,5 Millions de tonnes de plastique produits par an en France (source wwwf)
  • Une production d’ordures ménagères qui a doublé en 40 ans (source CNIID)
    • Dont près de 80% sont encore enfouies ou brûlées, donc non recyclées
    • Dont seules 3% subissent un traitement biologique (comme le compostage)
  • Des emballages qui représentent la moitié des déchets des ménages (source CNIID)
  • Seul un quart des déchets plastiques est recyclé (source 60 millions de consommateurs)
    • Et parmi ceux-ci, seuls 6% serviraient à produire de nouveau du plastique (et encore, ce plastique recyclé a toujours besoin d’être associé à du plastique neuf pour produire de nouveaux objets en plastique. Et à la fin… le plastique ne se biodégrade pas, il se désagrège… en microparticules…).

La litanie pourrait continuer encore longtemps, avec le plastique dans les océans, etc…

Des chiffres qui donnent le tournis et l’impression d’un cercle vicieux….

Pourtant nos premières lectures sur le sujet nous ont mis un gros doute. Ne se tromperait-on pas de sujet ? 

Parce que réduire ses déchets, c’est bien, c’est même important ! Ne plus avoir de décharges, c’est fondamental….Mais… le réchauffement climatique, c’est plus grave, non ?

La part des déchets dans le réchauffement climatique

 

 

Sans trop y réfléchir, on ne fait pas forcément de lien entre déchets et réchauffement climatique (je parle de nos déchets à nous, les familles, les couples, les célibataires, les jeunes, les moins jeunes, pas des déchets des grosses industries polluantes). 

Officiellement, les déchets ne participent qu’à 3% des émissions de gaz à effet de serre, bien loin derrière le secteur du transport, de l’industrie, de l’agriculture et du BTP. 

De quoi se dire que c’est à d’autres sujets qu’il faut s’attaquer…

En fait, ces 3% ne prennent en compte que le traitement des déchets, l’incinération des plastiques en premier lieu.

Recyclage… ou réemploi ?

Alors, on n’a qu’à recycler…et le tour est joué ? Certes, le recyclage améliore l’impact, réduisant les émissions de gaz à effet de serre liés au traitement des déchets,…

Sauf qu’on a vu qu’on n’était aujourd’hui capables tout au plus de recycler un quart de nos déchets plastiques… 

En cause :  Les Oui mais…

  • Oui, nous trions nos déchets, mais avec beaucoup d’erreurs, de tri “inefficace”. Et on perd ainsi déjà environ ¼ d’emballages recyclables. Et puis si nous trions à la maison, nous le faisons beaucoup moins lorsque l’on est dehors, dans la rue, en vacances ou au travail…
  • Oui, les emballages plastiques sont quasi tous recyclables, mais les nouveaux matériaux composés à partir de ce plastique recyclé ne le sont plus forcément
  • Et oui, nous recyclons, mais pas suffisamment encore, et la France, qui a le plus grand parc d’incinérateurs d’Europe, progresse, mais peine à finir sa mue…
  • Oui, le politique pousse au recyclage, mais accepter d’accueillir une décharge rapporte aux collectivités locales…tout comme l’énergie produite par la combustion des déchets, considérée comme une énergie… renouvelable. Forcément…

En conclusion : “le bon déchet est celui que l’on ne produit pas”.

Exit, fin du débat. On est en accord avec nous-mêmes sur ce point.

Et d’ailleurs, la prévention reste pour tout le monde l’étape numéro 1 dans le traitement des déchets, avant le réemploi, et même le recyclage.

Malgré toutes ces réflexions, la réduction des déchets reste un sujet mineur dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Un impact minoré

En réalité, elle y contribue bien plus qu’annoncé : le chiffre de 3% ne prend en compte que le traitement des déchets, comme nous l’indiquions.

Or, pour traiter un déchet en fin de vie, encore faut-il l’avoir produit en amont. Avoir produit l’emballage, quoi : extraction de la matière-première, transformation, et transport associés au cycle de vie des matériaux, qu’il faut appréhender dans son ensemble, et non uniquement la dernière étape…

C’est ce qu’a réussi à faire admettre Zero Waste France en association avec Zero Waste Europe et ACR+ dans un rapport commandité à l’occasion de la COP21.

Le Zéro déchet.., c’est changer bien plus qu’on ne croit…

Tout à coup, le sujet prend beaucoup plus de sens…

Mais surtout, ce qui finira d’en donner un à Rue Juliette, c’est l’évolution des façons de penser qu’induit le passage au zéro déchet.

D’abord on commence par s’attaquer à la réduction de nos poubelles, et finalement c’est tout notre système de valeur qui évolue. Tout notre “référentiel” de pensée.

Tout à coup, on aura moins envie de polluer “en général”. On aura envie de consommer autrement à la fois pour nos courses du quotidien, mais aussi de se montrer plus responsables pour s’habiller, se loger, nos loisirs, et c’est finalement, au delà du politique, nos mouvements de consommation qui feront évoluer, s’adapter, d’autant plus vite les acteurs économiques. 

Alors en commençant par alléger nos poubelles, oui, nous avons un fort impact sur le réchauffement climatique…au delà de toute étude ou chiffre.

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